Anne-Lise PY, travailleur social, chargée d’accompagner tous les adhérents de l’association ETRE-ADEPAPE 81 s’est prêtée au jeu de l’interview pour nous faire découvrir son métier.
Morceaux choisis
- Il est 16h passé, on est en fin de journée, qu’est-ce qui vous a le plus préoccupée aujourd’hui?
Aujourd’hui c’était une journée chargée parce que j’avais 4 rendez-vous. C’est beaucoup parce que les rendez-vous ne sont pas limités. Je ne dis pas au bout d’une demi-heure : « On n’a pas fini, tant pis, au revoir », sauf si j’ai un rendez-vous derrière . S’il faut 2 heures et que j’ai 2 heures devant moi et bien ça dure 2 heures. Donc qu’est ce qui m’a le plus préoccupée ? Et bien essentiellement ça : Est ce que je vais avoir le temps de m’occuper correctement de tout le monde, pour aider à la résolution des problèmes que chacun va venir poser sur mon bureau ? Quand on travaille avec de l’humain, comme on dit, on sait que si on n’a pas pu terminer son travail, ça a des répercussions sur quelqu’un et pas sur quelque chose.
- Quelle est la dernière chose qui vous a enthousiasmé au travail ?
C’est difficile ! Il y a plein de petites choses. Par exemple, je suis allée voir une adhérente et son bébé que je n’avais pas vus depuis 3 mois et demi. Il me tardait de prendre la petite dans les bras, de jouer un peu avec elle. L’adhérente était aussi contente de me revoir. Ça veut dire quelque part que tu fais bien ton travail sinon ils ne voudraient pas te revoir. La satisfaction, elle est là.
Et puis j’aime travailler en partenariat, alors je dirais aussi retourner à la Mission Locale dans le cadre de la permanence mensuelle.
- Y a-t-il une journée type dans votre travail?
La seule journée type c’est le mercredi, quand je suis en télétravail. Je traite les mails que je n’ai pas eu le temps de traiter dans la semaine parce que c’est la course. Je passe beaucoup de temps au téléphone et c’est ce jour-là où les gens savent qu’ils peuvent me joindre au téléphone longtemps. Alors que, quand je suis au bureau, mes conversations téléphoniques ne sont pas souvent longues parce que je suis prise par ailleurs : on vient toquer à la porte, il y a du monde, etc …
Quand je suis en présentiel ici ou en permanence, ce n’est jamais vraiment la même routine parce que ce ne sont pas les mêmes problématiques à traiter, les mêmes personnes à voir. Et si certains rendez-vous s’annulent, ça ne me gêne pas parce que j’ai du boulot par ailleurs donc ça me donne du temps pour faire quelque chose que j’ai laissé en suspens. J’aimerais avoir le temps de lire des enquêtes, des nouveautés sur la législation mais je n’arrive pas à trouver le temps de le faire.
Et puis il y a aussi des réunions soit entre nous- la réunion des salariés, la commission sociale, soit à l’extérieur, sur une situation, sur une thématique ou avec les partenaires. Plus à la marge, je vais au domicile des adhérents aussi. Ce n’est pas rare que j’en ai 3 ou 4 dans le mois.
- Ce n’est pas votre premier poste en tant que travailleur social, pourquoi avoir rejoint cette association?
Je connaissais l’association dans mon précédent travail puisque j’étais accompagnatrice sociale dans un foyer pour jeunes travailleurs. Je faisais déjà appel à l’association ÊTRE – je ne la connaissais que sous ce nom-là. La généralisation de la dénomination ADEPAPE, c’est venu en 2020 environ. La relation était facile et ça fonctionnait bien avec les personnes que j’y envoyais. Quand j’ai vu l’annonce passer en 2018, ça m’a parlé. Je me suis dit « Pourquoi ne pas postuler? » Et je n’ai pas eu tort. En tous cas jusqu’à présent, je ne regrette pas d’avoir candidaté.
- Selon vous, quel est ou quels sont les plus grands défis de l’association?
Il y a surtout le défi de maintenir l’association à flot, que ce soit financièrement ou que ce soit au niveau des bénévoles- il y en a beaucoup moins qu’avant, et des administrateurs- qu’il y ait un groupe de personnes suffisamment solides pour tenir l’association.
Il y a un budget. Il y a des salariés. On héberge des jeunes. Il y a une responsabilité morale envers les salariés, les jeunes qu’on héberge, les adhérents qu’on accompagne.
Et puis il y a le défi de se renouveler, même s’il y a beaucoup de choses qui fonctionnent. Il faut qu’on arrive à proposer de nouvelles choses. Il faut parvenir à trouver des choses innovantes, des projets qui tiennent la route, cohérents, qui puissent être financés. Il faut avoir le temps de cette réflexion-là, de faire ce pas de côté pour ouvrir vers quelque chose d’autre, en plus ou à la place de.
- Cette interview est peut-être l’occasion de faire découvrir l’ADEPAPE 81 à des personnes ayant été accueillies en Protection de l’Enfance. Que leur diriez-vous s’ils étaient en face de vous?
Je dis systématiquement à tous ceux que je rencontre pour la 1ère fois, ici, ils vont trouver des personnes qui sont passées par quasiment les mêmes choses qu’eux et qu’ils vont être compris instantanément. Voilà. Il n’y aura pas besoin de faire des discours. Ici, ils vont trouver des gens sur lesquels ils vont pouvoir s’appuyer sans avoir besoin de raconter leur histoire et c’est quelque chose qu’ils ne peuvent pas trouver ailleurs. Ce ne sont que des personnes qui sont passées par le même parcours qui vont pouvoir les comprendre aussi bien. Ils ne vont pas être jugés. Il y a beaucoup de bienveillance. Je leur parle toujours de ÊTRE, Écoute, Tolérance, Respect, Entraide.
Et ils ne sont obligés de rien, si ce n’est d’être corrects et polis. On peut venir me voir une fois et après ne plus jamais revenir me voir. Ou bien si au bout de 3 ans on veut revenir me voir, et bien on peut.
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